Paris 2024
Olympique
Paralympique
Milan/Cortina 2026
Olympique
Paralympique
Paris 2024
Olympique
Paralympique
Milan/Cortina 2026
Olympique
Paralympique
Paris 2024
Olympique
Paralympique
Milan/Cortina 2026
Olympique
Paralympique

ONPEUT gagner avec la science

10 mars 2022
Crédit photo : Dave Holland/Comité paralympique canadien

#ONPEUT GAGNER AVEC LA SCIENCE

Lorsqu’il n’y a pas beaucoup de recherches disponibles pour mieux comprendre un problème particulier – par exemple, une perturbation de la thermorégulation à la suite d’une lésion de la moelle épinière – que faites-vous?

Dans le cas des disciplines paralympiques, il s’avère que vous en faites beaucoup.

En en apprenant plus sur les sports paralympiques, vous commencez à comprendre les niveaux de complexité additionnels et les défis supplémentaires auxquels font face les athlètes paralympiques et les praticiens qui les soutiennent.

L’un des principaux obstacles est la pénurie de littérature scientifique, surtout en comparaison avec les recherches approfondies sur le sport pour les athlètes sans handicap. Cela est important, car un athlète paralympique ne réagit pas toujours à un stimulus donné comme le ferait un athlète sans handicap.

L’une des raisons principales de ce manque de recherche est le fait qu’il y a moins d’athlètes et très peu de groupes homogènes d’athlètes au sein d’un même sport.

« Il est difficile de publier des recherches en disciplines paralympiques », explique Melissa Lacroix, physiologiste de l’exercice à l’Institut canadien du sport de l’Ontario (ICSO) et physiologiste pour l’équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant. « Dans un sport donné, tout le monde n’a pas le même handicap et une grande partie de ce qui existe est des études de cas ou des cas uniques qui sont difficiles à publier ou qui s’appliquent à des situations précises. »

Pour une équipe de soutien intégré dans le sport paralympique, le résultat de cette lacune est qu’il faut faire de son mieux avec ce que vous avez à votre disposition. Mais au Canada, cela signifie aussi en faire plus. Pas de science? Nous ferons nous-mêmes la science!

Afin de combler les lacunes dans le sport paralympique, À nous le podium (ANP), en partenariat avec le Réseau des instituts du sport olympique et paralympique du Canada (Réseau ISOPC) et avec Sciences du sport Canada, a établi le groupe de travail en perfectionnement professionnel en sport paralympique il y a environ deux ans. Ce groupe, dont fait partie Mme Lacroix, crée des occasions pour les praticiens du sport paralympique d’en apprendre davantage sur des considérations physiologiques précises pour les athlètes paralympiques.

Au départ, le groupe a créé un module d’éducation avec un point de vue appliqué, mais après avoir mené des sondages, il a appris qu’il y avait une grande demande d’information chez les praticiens, les entraîneurs et les administrateurs pour obtenir plus de connaissances sur la physiologie qui sous-tend l’effet de différents handicaps sur les athlètes paralympiques.

C’est là que la science entre en jeu. Pour combler ce besoin, le groupe a récemment rédigé dans le magazine Frontiers in Rehabilitation Sciences un article évalué intitulé Considérations physiologiques pour favoriser des performances menant au podium chez les para-athlètes.

Le document décrit la neurophysiologie des groupes de handicaps les plus fréquents et les considérations pratiques pour soutenir les athlètes paralympiques, ainsi que les interventions visant à améliorer la performance.

Erica Gavel, une des six auteurs de cette publication, est une paralympienne en basketball en fauteuil roulant retraitée et est candidate au doctorat à l’Université Ontario Tech. Avec une perspective unique en tant qu’athlète et chercheuse en disciplines paralympiques, Mme Gavel affirme qu’il faut beaucoup d’apprentissages pour que les praticiens en disciplines paralympiques puissent prendre de bonnes décisions basées sur la performance.

« Cet article donne suffisamment de renseignements au praticien pour qu’il puisse approfondir un sujet précis. »

Il est difficile de creuser plus en profondeur lorsqu’il n’y a pas grand-chose à explorer, ce que Mme Gavel reconnaît être un défi majeur. Pour combler ces lacunes, Mme Lacroix précise que le groupe de travail aide les praticiens à partager ce qu’ils savent.

« Il n’y a pas beaucoup de données disponibles, nous avons donc dû augmenter la collaboration partout au Canada et nous avons demandé aux praticiens de partager leurs connaissances et leur expérience. »

Pour les professionnels des équipes de soutien intégré, l’accès aux données et à l’information s’améliore grâce à une lente augmentation des recherches publiées. Jess Kryski, cheffe de l’équipe de soutien intégré et physiologiste de l’équipe paranordique du Canada et de l’Institut canadien du sport de Calgary (ICSC), est l’une de ces praticiennes. Elle se réjouit d’une augmentation de la recherche plus spécifique aux disciplines paralympiques.

« Souvent, nous nous fions à des recherches qui touchent des athlètes d’endurance sans handicap, puis, avec nos connaissances sur les divers handicaps, nous nous assurons de mettre en œuvre de la surveillance pour réaliser l’effet d’entraînement recherché avec différentes interventions d’entraînement », explique Mme Kryski.

Avec les progrès réalisés en recherche pour les disciplines paralympiques, Mme Kryski et son équipe n’auront pas à dépendre des recherches scientifiques sur les athlètes sans handicap pour prendre les meilleures décisions possibles en matière d’entraînement et de performance. Mme Lacroix affirme que les outils et les niveaux de référence utilisés dans la recherche sur les athlètes sans handicap ne s’appliquent pas toujours aux athlètes paralympiques parce que leurs handicaps modifient la façon dont leur corps réagit aux différentes interventions.

Pour l’instant, Mme Kryski affirme que la chose la plus importante est de se tenir au courant des publications qui existent et de la façon dont elles peuvent s’appliquer aux athlètes avec qui elle travaille.

« Les participants à l’étude présentent-ils des handicaps similaires? demande-t-elle. Et les interventions sont-elles applicables à notre sport, aux exigences sportives et au type d’entraînement effectué pour les sports d’endurance? »

Les réponses se présentent sous forme de nouvelles recherches, de partage des connaissances entre les praticiens partout au pays et d’une approche individuelle pour répondre aux besoins de chaque athlète.

Par exemple, dans le cadre de son rôle comme physiologiste au sein de l’équipe de soutien intégré pour le groupe de rugby en fauteuil roulant, Mme Lacroix se concentre principalement sur la physiologie appliquée. Son objectif est toujours de recueillir des preuves et de publier ses recherches le plus possible. Ces données peuvent être partagées et appliquées à d’autres athlètes ayant des handicaps similaires, à condition que les voies de collaboration soient largement ouvertes.

Dans ce qui a été un véritable effort entre ANP, le Réseau ISOPC et les spécialistes du Réseau membres des équipes de soutien intégré dans de nombreux sports paralympiques, le résultat final est l’avancement de la recherche sur les disciplines paralympiques, ainsi qu’une base scientifique solide pour prendre des décisions fondées sur des preuves afin d’appuyer les athlètes paralympiques canadiens en quête du podium.

Mais il reste encore beaucoup de travail à faire.

Jess Kryski, sans aucun doute une experte dans son domaine, a encore beaucoup de questions.

« Un domaine vraiment important dans lequel j’aimerais voir faire davantage de recherches en ski paranordique concerne l’équipement et la technique en fonction de différents handicaps, explique-t-elle. Il y a tellement de choses déjà réalisées dans ce domaine pour les skieurs sans handicap. »

Le défi est lancé. Qui le relèvera?