ONPEUT vous aider à guérir

5 février 2022
Crédit photo : CSI Calgary

#ONPEUT VOUS AIDER À GUÉRIR

L’angoisse de la blessure

Les athlètes se blessent souvent, surtout dans les sports à haut risque, et la longue route vers le retour au jeu peut être extrêmement incertaine et difficile. Les genoux, les cerveaux, les épaules, les hanches, et, oui, même les cœurs peuvent être brisés, endommagés, tendus, tirés, et déchirés. Les lois de la physique l’emportent toujours.

Mais les athlètes guérissent aussi. Ils soignent leurs genoux, cerveau, épaules, hanches et cœur avec une détermination impressionnante. S’ils ne peuvent pas récupérer une course perdue, effacer le petit moment où leur genou s’est déchiré ou l’angoisse qu’ils vivent à la suite d’une blessure, ils peuvent, et ils le font toujours, se tourner vers le défi de la guérison.

Et qui est là pour les aider à recommencer, à guérir et à retourner au sport qu’ils aiment?

Retour à la santé

La récupération et la réadaptation ne sont pas possibles sans un effort coordonné et soutenu de la part de l’athlète et d’une équipe d’experts médicaux du Réseau des instituts de sport olympique et paralympique du Canada (Réseau ISOPC). Dans la plupart des cas, l’équipe de soutien intégré est appelée à remplir ce rôle des plus importants : les médecins du sport, les chirurgiens orthopédistes, les physiothérapeutes, les thérapeutes sportifs, les préparateurs physiques et les massothérapeutes.

Le processus qu’ils suivent porte un nom : Le « retour à la santé », ou « retour à la performance », est un point de vue relativement nouveau sur le bien-être des athlètes qui a émergé partout au Canada dans un effort concerté pour identifier les normes et les stratégies visant à traiter les blessures des athlètes. Il s’agit surtout de guérir le corps, mais il englobe aussi la santé mentale et les facteurs sociaux – une approche biopsychosociale.

Un symposium national tenu à Calgary en 2019 a réuni des experts et des praticiens de tout le Réseau ISOPC pour amorcer la formalisation d’une stratégie nationale de retour à la santé.

« Cela fait partie de l’évolution du sport, où l’on voit apparaître une approche plus holistique de la santé des athlètes », explique Matt Jordan, directeur, Sciences du sport à l’Institut canadien du sport de Calgary (ICS Calgary). « Vous ne pouvez pas réussir sur la scène internationale si vous n’avez pas de stratégie en matière de santé. »

M. Jordan affirme que l’idée derrière le retour à la santé est de fournir aux athlètes un carrefour centralisé pour leur réadaptation, ainsi que les ressources nécessaires pour y rester aussi longtemps que nécessaire.

Il s’agit d’un travail en cours et le Réseau ISOPC a mis en place des solutions en se basant sur ses propres ressources pour soutenir les athlètes blessés partout au pays. Il existe plusieurs emplacements dans le réseau avec des programmes officiels.

Les genoux et les cerveaux

L’an dernier, l’équipe nationale de ski cross a subi sept blessures mettant fin à la saison. La plupart étaient des blessures au genou, et beaucoup d’entre elles ont nécessité une intervention chirurgicale. Étonnamment, parmi les sept athlètes, cinq sont de retour sur la neige et quatre ont récemment été sélectionnés au sein de l’équipe olympique pour Beijing. Craig Hill, chef de l’équipe de soutien intégré – Ski Cross chez Canada Alpin et préparateur physique à l’Institut canadien du sport, Pacifique (ICS Pacifique), en collaboration avec Isabel Aldrich-Witt, responsable du programme de retour à la performance à l’ICS Calgary, ont joué un rôle déterminant dans leurs récupérations.

Lorsqu’un athlète est blessé, M. Hill et Mme Aldrich-Witt mettent en commun leur expertise avec d’autres membres de l’équipe de soutien intégré pour offrir les meilleurs soins aux athlètes. Une fois la phase initiale d’urgence de la gestion des blessures terminée, les décisions concernant le traitement, comme une intervention chirurgicale, sont prises et un plan de rétablissement est établi. L’athlète rejoint alors un programme au sein du Réseau ISOPC et il demeure centralisé jusqu’à ce qu’à la fin de la réadaptation. La récupération après une opération au genou peut prendre de neuf mois à deux ans.

« L’objectif est de les faire revenir meilleurs qu’ils ne l’étaient avant la blessure », explique Mme Aldrich-Witt. Elle affirme que tous les athlètes avec lesquels elle a travaillé depuis le début du programme en 2019 sont revenus.

En tant que spécialiste de la réadaptation des blessures au genou, Mme Aldrich-Witt apporte des compétences uniques à sa pratique, en s’appuyant sur une approche d’exercice fondée sur des preuves, par opposition à la thérapie manuelle. Au début, l’accent est mis sur la réduction de l’enflure et l’amplitude des mouvements. Ensuite, il y a le développement de la force, où l’athlète doit atteindre à nouveau sa force et sa puissance d’avant la blessure, déterminées chaque année à l’aide de tests de référence. Viennent ensuite le travail dynamique et le retour à la neige.

Avec plus de 35 praticiens de l’équipe de soutien intégré de Ski Cross, M. Hill affirme que la communication peut parfois être difficile. Mais ils se rencontrent fréquemment pour partager des détails essentiels. « Une grande confiance règne dans toute l’équipe, explique-t-il. Bien que nous n’ayons pas toujours la même philosophie ou que nous ne sommes pas toujours d’accord, je sais que je peux m’exprimer et que nous pouvons avoir une conversation professionnelle. » Le processus est productif, car il garde au premier plan ce qu’il y a de mieux pour l’athlète.

Voir les athlètes retourner à la compétition après une blessure et un processus de réadaptation intense est extrêmement gratifiant pour les membres de l’équipe de soutien intégré comme Craig Hil et Isabel Aldrich-Witt. « Nous ne célébrons pas suffisamment cela, dit M. Hill. Le simple fait de revenir est une étape importante pour ces athlètes. »

Dans les sports où les chutes et les collisions sont fréquentes, ce sont les commotions cérébrales qui peuvent être dévastatrices et effrayantes. L’équipe de l’Institut national du sport du Québec (INS Québec) a mis sur pied la Clinique interdisciplinaire de commotion cérébrale afin d’offrir aux athlètes les meilleurs soins possibles. La clinique offre une approche multidisciplinaire et intégrée avec un haut niveau de spécialisation.

Thomas Romeas, Chef, Recherche et Innovation à l’INS Québec, affirme qu’une fois la commotion cérébrale survenue, une gestion systématique et un plan de retour à la santé sont mis en place. « Notre objectif principal est de protéger l’athlète et de lui offrir la meilleure récupération possible, d’accélérer le retour à la performance et de réduire le risque d’une nouvelle commotion ou blessure. »

La Dre Suzanne Leclerc, Cheffe de la direction médicale de l’INS Québec, a joué un rôle déterminant dans l’élaboration des lignes directrices du Réseau ISOPC pour les commotions cérébrales; un effort de collaboration national. Puisque les commotions cérébrales sont de nature multimodale, M. Romeas souligne qu’il est nécessaire de faire appel à des experts de différents domaines pour mieux comprendre le traitement. « Cela ne sera possible qu’avec toutes nos ressources nationales, nos connaissances et notre expertise partagées, dit-il. Et le Canada a tout ce qu’il faut pour montrer la voie dans ce domaine. »

Thomas Romeas

Chef, Recherche et Innovation à l’INS Québec

Dre Suzanne Leclerc

Directrice médicale à l’INS Québec

La Clinique interdisciplinaire de commotion cérébrale de l’INS Québec offre une approche multidisciplinaire et intégrée avec un haut niveau de spécialisation. Celle-ci est chapeautée par Dre Leclerc.

 

Des cœurs guéris

Pour Dave Ellis, directeur de haute performance, Ski Cross chez Canada Alpin, les avantages du programme de retour à la performance sont structurés et centralisés en plus d’être près du domicile de nombreux athlètes. Parce qu’il fonctionne en dehors du programme de ski cross, M. Ellis affirme qu’il compte beaucoup sur les spécialistes du Réseau ISOPC pour s’assurer que ses athlètes blessés reçoivent les soins dont ils ont besoin, y compris en santé mentale.

« Le programme de retour à performance est une valeur ajoutée importante à notre programme de ski cross, affirme-t-il. Tout se fait en interne et les athlètes ont droit à un programme plus concentré et plus collaboratif. » Le même niveau de soins est offert entre les membres du Réseau ISOPC et il permet aux athlètes de rester près de chez eux pendant leur rétablissement.

L’ensemble de la communauté sportive est de plus en plus consciente que l’approche du bien-être des athlètes évolue pour englober tous les aspects de la santé humaine, y compris les cœurs brisés. Pour M. Jordan, directeur des sciences du sport à l’ICS Calgary, ce que le Réseau ISOPC offre est une expertise évolutive et régionale en soutien intégré en matière de retour à la performance. « Au bout du compte, les athlètes ont besoin de savoir que s’ils se blessent, on va s’occuper d’eux. »